ONU : Quel organe s’occupe de la faim ? Décryptage et missions essentielles

10 juin 2025

Fermer les yeux face à une assiette vide : ce geste, pour beaucoup d’enfants, n’a rien d’un caprice ou d’un jeu. C’est une manière d’éclipser la faim, de faire taire le ventre qui gronde. Pendant ce temps, loin des caméras et des déclarations ronflantes, une mécanique internationale s’active. Mais qui, concrètement, mène la bataille contre la faim à l’échelle du globe ?

Au sein des Nations Unies, un cercle d’experts et de praticiens s’engage sans relâche. Entre gestion de crise et déploiement de solutions durables, ils visent un objectif radical : reléguer la faim au passé. Derrière le rideau, ce sont eux qui dressent la table du changement, même si leur nom reste souvent ignoré du grand public. Tour d’horizon d’une organisation clé, pilier discret d’une lutte de fond contre la malnutrition.

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Comprendre la faim dans le monde : enjeux et réalités actuelles

La faim ne se résume plus à la simple question des récoltes ou du stock de blé. Les chiffres mondiaux confirment une évidence dérangeante : la planète produit assez pour nourrir chacun, et pourtant, la faim s’étend. D’après la FAO, entre 691 et 783 millions de personnes étaient touchées en 2022. Près de 2,4 milliards vivaient dans l’insécurité alimentaire, et 3,1 milliards ne pouvaient prétendre à une alimentation saine.

La distribution des crises alimentaires n’a rien d’aléatoire. Guerres, catastrophes climatiques, pandémie de COVID-19 : chaque choc amplifie la vulnérabilité. Sur tous les continents, la faim griffe des territoires entiers. Gaza, Éthiopie, Somalie, Yémen, Soudan du Sud : dans ces zones, une personne sur cinq affronte une faim extrême, et la mortalité explose.

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Le visage de la malnutrition se diversifie. Sous-nutrition chronique, certes, mais aussi obésité, fléau des pays où la pauvreté condamne à l’alimentation industrielle. Dans ces contextes, la précarité ne rime pas seulement avec le manque, mais aussi avec la malbouffe.

  • La malnutrition s’enracine autant dans la pauvreté que dans l’accès inégal aux ressources alimentaires.
  • Les objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU visent l’éradication de la faim, mais la tendance mondiale demeure alarmante.

L’équation ne se limite pas à la logistique alimentaire : elle interroge les politiques agricoles, la gestion collective des ressources et l’effectivité des droits humains les plus élémentaires.

Quel organe de l’ONU coordonne la lutte contre la faim ?

Au cœur du dispositif, le Comité pour la sécurité alimentaire mondiale (CSA) occupe une place stratégique. Créé en 1974 sous l’impulsion de la FAO, ce comité a été profondément transformé en 2009. Aujourd’hui, il s’impose comme la plateforme où États membres, agences de l’ONU, ONG et entreprises partagent analyses et solutions. Le CSA fixe la feuille de route, identifie les risques, coordonne les politiques et édicte des recommandations pour guider l’action collective.

Sur le terrain, le Programme alimentaire mondial (PAM) agit en première ligne. Avec une présence dans plus de 80 pays, il distribue chaque année une aide directe à près de 80 millions de personnes. Le Fonds international de développement agricole (FIDA), quant à lui, mise sur la résilience rurale et l’autonomie des petits producteurs. Leur coordination s’articule au sein du CSA, épaulé par le groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE), qui éclaire les décisions avec des analyses précises.

  • Le CSA pilote la réponse mondiale à l’insécurité alimentaire.
  • Le PAM intervient en urgence et gère la logistique humanitaire.
  • Le FIDA soutient des projets agricoles durables et inclusifs.

Cette gouvernance hybride conjugue expertise, diplomatie et terrain, rendant possible une action à la fois rapide et structurante, du laboratoire scientifique jusqu’au dernier kilomètre d’aide alimentaire.

Fonctionnement et missions clés du Programme alimentaire mondial

Le Programme alimentaire mondial (PAM) se pose en bouclier contre la faim lors des catastrophes. Sa vocation : soulager l’urgence, mais aussi bâtir des systèmes alimentaires capables de résister aux prochaines tempêtes. Présent dans plus de 80 pays, le PAM touche chaque année près de 80 millions de personnes victimes de faim aiguë ou d’insécurité alimentaire.

Son efficacité repose sur une alliance de partenaires : ONG, agences onusiennes, États, tous mobilisés pour orchestrer la riposte. Le cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), développé avec la FAO, permet d’objectiver les situations. Cinq phases sont définies, la dernière marquant le seuil de la famine, où la mortalité bondit et la malnutrition atteint son paroxysme.

  • Distribution de denrées et repas scolaires dans les zones de conflit ou après une catastrophe
  • Gestion de la logistique, transport et stockage de l’aide
  • Transferts monétaires et accompagnement des agricultures locales

Le PAM collabore étroitement avec la Banque mondiale, le FIDA et la FAO pour articuler urgence et développement. Chaque année, son rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde trace la carte des vulnérabilités et affine les priorités. Entre l’urgence et la transformation de fond, le PAM navigue sans relâche, un pied dans le présent, l’autre dans la construction d’un avenir moins précaire.

Des actions concrètes pour un avenir sans faim : défis et perspectives

L’initiative Faim Zéro des Nations unies s’inscrit dans l’ambition des Objectifs de développement durable, en particulier l’ODD2 : éliminer la faim, améliorer la nutrition, bâtir une agriculture durable. L’objectif est clair : aucun enfant ne doit grandir avec un retard de croissance lié à la faim, aucun aliment ne doit être gaspillé inutilement, chaque ferme doit pouvoir s’adapter aux aléas climatiques.

La France, elle aussi, avance ses pions sur cet échiquier. Plusieurs leviers sont actionnés :

  • La loi Egalim 2 et la loi Climat et Résilience poussent à l’introduction de produits bio et durables dans les cantines collectives.
  • La recherche agronomique s’appuie sur des instituts publics comme le CIRAD, l’IRD ou l’INRAE, tous parties prenantes des grands réseaux internationaux (CGIAR).
  • Le soutien à l’agriculture biologique et à l’agroécologie s’intensifie : 14,2 % des exploitations françaises étaient labellisées bio en 2022, avec un objectif de 18 % de la surface agricole utile d’ici 2027.

Sur le terrain, la société civile s’engage : Restos du cœur, Action contre la Faim, de la France au Yémen, du Sahel à Gaza. L’éradication de la faim ne repose sur aucun acteur isolé, mais sur une alliance : États, agences internationales, chercheurs, citoyens. Le sommet mondial sur les systèmes alimentaires de 2021 a montré la voie : innover, accélérer la transition agroécologique, repenser la sécurité alimentaire à l’échelle planétaire.

Imaginer un monde où aucun enfant ne ferme les yeux sur une assiette vide. Voilà le défi, et surtout, la promesse à tenir.

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